La République et l'Empire

Pour les lecteurs qui pourraient penser que j'ai basculé du côté obscur de la raison, j'ai écrit cette nouvelle, éditée en épisodes, à l'époque bénie de Planète Biker, en novembre 2004. Les héros étaient les "collègues" qui postaient beaucoup et desquels j'appréciais les personnalités qui transpiraient dans leurs messages. Certains sont ici (XD, Shovel1, Tchop, Patatrike, Fifree "ça ountche", Stephany alias "Barbarella", Jean alias "Jhirigoyen" ...), d'autres ont disparu avec la fermeture de PB ou sont partis sur d'autres forums...

Trois ans après, je me suis dit que cela pouvait intéresser. On poste des images mais peu de "littérature". Et on peut aussi parler littérature...

Au fait, il n'y a jamais eu d'épisode I !


A l'aube du 21ème siècle, la République kibérienne subit les assauts répétés de l'Empire injecté.
Dans l'épisode précédent, nous avons découvert qu'un agent impérial, la députée Barbarella, avait infiltré la République pour tenter d'entamer son unité et ainsi affaiblir ses forces...

Episode II

Dépêchés par la République, trois chevaliers, XD, Tchop et Shovel1, sont chargés de retrouver Barbarella et de la neutraliser.
Ils n'ont pas été choisis par hasard : XD est la plus fine lame de la République, son arme "Sister" en a convaincu plus d'un ; si l'opération devait mal tourner, c'est lui qui devrait intervenir. Tchop est fin négociateur. Médiateur redoutable, le "Talleyrand" du Forum a empêché bien des conflits comme cette guerre annoncée entre les tribus Rigidfonte et Showarolleix de la planète Bigtwin. Shovel1 est la caution technique de l'entreprise. Capable de transformer un Vélosolex en machine à coudre ou en missile Sol Sol au choix, aucune mécanique ne lui résiste longtemps. Il saura épauler XD si Sister devait souffrir au combat...
Après avoir sillonné la galaxie Bicylamotor, c'est sur Astrobiker, la 5ème planète du système HD qu'ils ont retrouvé Barbarella dans son repaire de Knockke-la-Haute...
Chevauchant sa Twindeuce à robe blanche, étincelante sous les soleils orange d'Astrobiker, elle affichait une indéniable noblesse. On la savait dure au mal, impitoyable négociatrice et experte en questions frontalières. Son arme était souple, maniable, répondant au doigt et à l'oeil à son habile maîtresse. La seule faiblesse de Barbarella était peut-être une trop grande confiance en elle qui pouvait l'aveugler dans les moments critiques. Une sombre histoire d'accord orthographique l'avait ainsi opposée au vieil Obéron dont elle n'était pas sortie indemne. Mais c'est une autre histoire.
Elle n'était pas seule lorsque les chevaliers de la République kiberienne l'ont trouvée : elle était accompagnée de la plus implacable nettoyeuse qu'on n'ait jamais vue dans la galaxie et qui répondait au nom terriblement célèbre de Olie Van Elleboog dont la simple prononciation du nom était un exercice effroyable pour tout étranger.

Tchop saura-t-il trouver les mots ?
XD devra-t-il faire usage de Sister ?
Shovel1 n'a-t-il pas oublié son embout coulissant tronconique à rainures ?

A l'instant du face à face, le suspense est à son paroxysme !


A suivre...

Si certains d'entre vous veulent les épisodes suivant en avant première....faites moi signe, c'est 15 euros l'épisode....

C'est du GL ?

C'est vrai qu'il était temps de faire remonter ce chef d'oeuvre à la surface. Ceux qui n'ont pas eu la chance de connaitre PB vont pouvoir se régaler à leur tour et ce n'est que justice !
Pour les épisodes en avant première, je fais une promo: 14.97 Euros. Le KAZ n'est vraiment pas compétitif

J'ai divisé le sujet "La République et l'Empire" pour qu'il soit exclusivement consacré à la nouvelle d'Obéron, la discussion sur PB figure maintenant sous le titre "la fragilité des Forums".
En même temps, j'ai fait un copier coller ci dessous pour rappeler le dernier message d'OB dans son sujet d'origine:

Pour revenir à la nouvelle, je l'ai quelque peu corrigée. Rien quant à l'histoire et son déroulement, que les anciens se rassurent ! Mais quelques tournures de phrase ou quelques mots changés...

A tout à l'heure pour la suite !




De plus, en divisant, j'ai raté le message de Christine, que je recopie ci dessous:

J'ai l'intégrale que je me suis reliée, et franchement Obéron c'est un chef d'oeuvre !

Surtout quand on connait certains acteurs en live, ça colle pile-poil et c'en est que mieux !


PS : je fais une promo pour tous les épisodes complets en une seule commande payable d'avance

Merci de vos compliments qui me font chaud au coeur !


Episode III

Un brouhaha indescriptible règne lorsque Tchop, XD et Shovel1 pénètrent dans le complexe bar-garage où Barbarella s’est engouffrée. Vapeurs d’alcools, exhalaisons en tous genres et fragrance de bananiers nains, très appréciée ici, s’agglomèrent en une atmosphère suffocante, agressive pour nos trois amis dont les corps entraînés en Forêt de Broliancedre ne connaissent que les effluves naturels d’un univers enchanteur.

« C’est vrai que mon bol est rond… » se dit XD en sentant la sueur perler sur le pourtour de son crâne au contact du cuir de son casque bleu.
« Vous prenez quoi ? » lance sans un regard le type du comptoir tout occupé à la préparation d’une improbable mixture. Un drôle de gars, ce barman : chauve, pas vraiment moche, mais dont une espèce de paréo rouge et blanc à touristes boudine la taille qui semble vouloir s’échapper du tissu comme la chair d’un boudin blanc de sa peau à la cuisson.

« C’est quoi ? » ose Shovel1 qui ne jure que par la Guinness, une soupe marron et moussue hors du temps, issue d’une lointaine planète explosée de gaz carbonique et fréquentée par des cafards irradiés servant de casse-croûtes à des rats faméliques.
« Tequile à betterave mon gars ! Les meilleures du Système depuis trois décades ! »
Shovel1 jette un œil à Tchop et XD dont les regards lâchement hésitants n’approuvent guère mais ne condamnent pas non plus. La curiosité étant la plus forte chez ceux qui ont l’aventure au bord des lèvres, Shovel1, qui n’a pas envie de réfléchir, finit par lancer sans conviction :
« Alors trois ! »

C’est au moment de goûter au contenu mauve et opaque de leurs verres qu’une voix de synthèse très métallique vrille les tympans de nos trois compères en même temps qu’un silence pesant accompagne les regards convergents des consommateurs.

« Ca doit faire une putain d’image arrêtée ! » se surprend à penser Tchop, toujours un peu schizo dans les déclenchements d’adrénaline. Confusion des sens, il ne sait pas ce qui est le moins pire : son verre ou cette voix, élaborée à partir de la mémoire vocale des morts. Mais ce timbre si particulier, cette intonation glacée, cette diction digne d’un conservatoire d’art dramatique ancienne école, tout cela n’appartient qu’à Olie Van Elleboog, parfois surnommée « N’a-qu’une-aile » en raison de l’orthographe de son prénom.

« Madame la députée vous attend séance tenante chevaliers, suivez-moi… s’il vous prie… »
XD pouffa d’un rire vite étouffé : ces petites imperfections langagières l’ont toujours épaté chez les nettoyeurs impériaux supposés irréprochables.
Tous les clients se taisent… Il faut dire que les nettoyeurs impériaux sont craints d’un bout à l’autre de la Galaxie et il ne viendrait à personne l’idée de les interpeller… sauf au barman :

« Dis donc Machine, tes grands airs de Castafiore en 3D : pas à moi ! Tu quittes tranquilles mes clients si tu veux pas d’soucis ! Capiche, miss Mirror ? »

Une telle saillie, bien que d’ordinaire suicidaire, ne manque pas d’impressionner Tchop qui s’en veut aussitôt d’avoir moqué tout à l’heure ce téméraire inconscient.
Semblant vouloir mettre rapidement fin à ses jours, le barman ajoute : « Foi de Zé ! Comme disait mon grand-père ! » en posant la main gauche sur un tamponnoir à va-et-vient décompensé 2815 amélioré 2820 planqué sous le comptoir, tandis qu’il verse de la main droite la limonade du diabolo fraise d’un habitué.
Olie le dévisage de trop longues et lourdes secondes puis se détourne, visiblement à regret. La mission en cours est prioritaire sans doute et l’empêche de s’amuser avec ce composé gras animal.
« Fou ! Il est complètement fou ! » pensent de concert sans le savoir, Tchop, XD et Shovel1 en traversant la salle sur les pas d’Olie qui, pour être un nettoyeur de l’Empire, n’en a pas moins un très beau cul. Et là-dessus aussi, sans le savoir, ils sont d’accord.
Sur leur passage, et jusqu’à la porte donnant sur la petite cour du garage intérieur, les conversations s’amplifient ; c’est comme une marée sonore qui, par vagues, remonte le long des tables, accompagnant leur sortie.
La lumière crue des soleils orange d’Astrobiker, Shovel1 ne s’y habitue pas. Il lui semble revenir sous les réverbères au sodium des autoroutes de son enfance qu’il arpentait dans la Panhard PL17 de ses parents et le pays perdu de ses souvenirs.
Tchop le sort brutalement de sa rêverie d’un coup de coude au creux de l’estomac, stoppant net sa progression en même temps que sa respiration… mais ça, ce n’est pas volontaire.

« Par tous les saints du HOG, regarde ! » lui crie-t-il.

XD court déjà vers Sister dont la grosse roue avant fait face à celle, fine et racée, de la machine argentée que Barbarella chevauche, les bras croisés, la tête tournée vers la porte d’où sortent Olie Van Elleboog et trois chevaliers mal barrés…

Zé, vissé derrière son comptoir ne se réjouit pas :

- Tu vas voir que les consos, ça va encore être pour nous !
- comme d’hab ! » lui répond la serveuse dont les deux petites ailes grises qui agrémentent ses épaules la font ressembler à une jolie chauve-souris…


A suivre.

Episode IV

XD est hors de lui ! Le souffle court, les mâchoires serrées comme un étau, il est debout, face à Barbarella qui ne bouge pas d’un pouce et reste à le toiser, assise à califourchon sur son engin impérial, un vague sourire barrant son visage. XD se contient difficilement et lentement articule :

- Qui vous a permis…
- Si vous permettez, Madame la députée, coupe Tchop, vous savez pourquoi le Procureur Fifree nous a mandatés ; mais nous ferons tout, vous m’entendez ? nous ferons tout pour éviter un conflit ouvert duquel ni vous ni nous ne sortirions indemnes et vous le savez ! De plus, …
- Je n’ai que faire de votre mandat ! lance Barbarella avec l’arrogance que les puissants savent exprimer lorsque plus rien ne les retient. Et le Procureur Fifree n’a aucun pouvoir !
- C’est faux, mais peu importe ! Je…
- Vous vous croyez soldats de la Liberté, héritiers de la République de vos pères ? Ce monde est révolu messieurs et vous avez déjà perdu ! Vos chefs veulent construire l’Internationale des Bikers, des prolos, que sais-je encore… Eh bien, en attendant le Grand Soir, ceux qui m’envoient ont mis en place l’Internationale du pognon ! Et croyez-moi, c’est autrement plus sérieux…
- Pour vos patrons sans doute ! Pour vous c’est moins sûr… De plus, disais-je, et nonobstant la puissance impériale que nous ne contestons pas, nous bénéficions du soutien des Fédérations planétaires des autres systèmes qui souffrent de votre volonté d’uniformisation, de votre tentation d’hégémonie qui…
- Allons chevalier, pas à moi ! Regardez-vous ! Vous êtes des dinosaures ! Les vestiges oubliés d’un monde fini ! Vos engins sont inconduisibles aujourd’hui et tout juste bon pour les musées ! A ranger sous cloche entre une machine à écrire et un bec de gaz ! Vos soutiens ? Ils sont comme vous : dépassés ! Caducs ! Obsolètes ! C’est ça le mot : vous êtes ob-so-lètes !
- Votre arrogance ne change rien et surtout ne résout rien ! Nous devons envisager…
- Laisse, Tchop ! Tu vois bien que Madame veut en découdre…

XD dit cela d’une voix calme et sûre. Tranquillement, il enfourche Sister, déplie le kick sur lequel il cale une botte noire nourrie à la graisse de phoque, et lance un coup de jarret vigoureux… Mais à la stupéfaction de nos trois chevaliers, le vieux moteur Knucklehead n’a pas craqué ! Au plissement presque imperceptible des paupières, Tchop et Shovel1 comprennent que XD est déstabilisé. Cependant, il réagit aussitôt et, tirant sur le choke, il réitère… sans plus de succès. Doucement, il s’assoit sur la superbe selle de cuir jaune, pose ses coudes sur le réservoir orange et noir de Sister et, fixant Barbarella, l’interpelle d’une voix faussement calme, détachant chaque syllabe :

- Qu’avez-vous fait… ?
- Oh ! La belle ne veut pas obéir à son maître… vous savez… les gars du Chapitre du coin… ils n’ont pas l’habitude de voir de telles machines… alors forcément… ils ne savent pas s’y prendre… elle a peut-être souffert…

Elle a dit cela sur un ton doucereux accompagné d’un petit sourire en coin des plus crispants ; Barbarella jubile ! Elle pose un doigt sur le démarreur électronique assisté de sa machine qui s’ébroue instantanément dans un sifflement répondant aux normes draconiennes de l’Empire, soucieux du sommeil plébéien, dont la qualité, entre autres, est la garantie d’une productivité convenable dans les manufactures impériales. Un agile demi-tour plus tard, elle quitte l’arène non sans avoir pris au passage Olie Van Elleboog dont on entend ce qui lui sert de voix jeter à la figure des chevaliers une de ces formules qui n’appartiennent qu’à elle : « A demain, c’est peut-être !!!! »

- Tu peux faire quelque chose ? XD et Tchop observent Shovel1 accroupi à côté de Sister, fouillant d’un regard radioscopique les entrailles du moteur qui n’a rien voulu savoir. L’air inquiet, contrarié de Shovel1, s’illumine au bout d’un instant et Tchop se dit que c’est énervant ces types à côté desquels on se sent tout juste bon à passer les outils.
- Il me faudra quand même une languette d’accouplement à gorge cannelée et un gicleur à billes creuses anti-suintage…

Un moment de flottement puis Tchop, toujours optimiste lorsqu’il ne déprime pas, c’est-à-dire un jour sur deux, trouve la solution :

- Allons chez Rollo, il a sûrement ça !

Sur sa splendide Knucklehead WL, Tchop quitte la cour de Zé, entraînant dans son sillage Shovel1 et son Electra dont XD, passager obligé, se surprend à penser que c’est quand même vachement confortable.

D’un signe de la main, ils disent au revoir à Chauve-souris à qui ils ont confié la garde de Sister jusqu’au lendemain. Chauve-souris que ces hommes encore libres font rêver…



A suivre.

ça m'étonne plus qu'issedé soit passé au road king ensuite !

Z'ont pris un coups de chaud !!!

"A suivre" disait l'auteur, et les lecteurs attendaient

gégé a écrit:

ça m'étonne plus qu'issedé soit passé au road king ensuite !

et en cafetière maintenant

Episode V

Ne sentez-vous pas le remugle de cet endroit à la fois puissant et fade, et le parfum acide de l’acier soumis au feu, la buée tiède qui monte des combinaisons de travail et le café de l’aube qui coule, réconfortant de la thermos ? N’êtes-vous pas abasourdis par le halètement, le grincement, le cliquetis, le souffle des machines, musique énorme sur laquelle se détachent, comme les voix des divas glissant sur les vagues de l’orchestre symphonique, les appels et les réponses, les mises en garde, les ordres, les rires parfois, de tous ces gars et ces filles au travail ? Et surtout, ne l’entendez-vous pas, ce chant des moteurs avec pour chacun sa note propre, grave et ample ? La magie de ces lieux ne vous font-ils pas éprouver un peu de ce que la caste des mécaniciens a connu de sueurs et de froid, d’efforts et d’habileté du geste, de surpassements et de fatigue du corps ?

Languette d’accouplement à gorges cannelées et gicleur à billes creuses anti-suintage sur l’épaule, voilà ce que Shovel1 avait à l’esprit en sortant de chez Rollo, un gars qui s’est fait tout seul et qui se trouve aujourd’hui à la tête du plus gigantesque complexe mécanique d’Astrobiker sur lequel jamais l’Empire n’a réussi à mettre la main.
Shovel1 le pense mais ne dit rien à ces deux compagnons occupés à trouver de la place sur les bécanes pour ces outils indispensables mais fichtrement mal commodes à caser sur des motos. La réputation de mécanicien hors pair qu’il a acquise au fil de ses aventures dans la galaxie, l’ont quelque peu enfermé dans un rôle qui ne lui convient que partiellement. Sa sensibilité, son goût pour la poésie et les mots en général, la beauté secrète qu’il ressent des hommes et des lieux, Shovel1 aujourd’hui les tait. Pudeur ou inconsciente volonté de ne pas brouiller l’image de lui qu’il a contribué à répandre ? Toujours est-il que Shovel1 a parfois bien du mal à ne devoir exister que par son savoir-faire quand on oublie des pans entiers de l’homme qu’il est.

A suivre

Shov’ ! Eh bien, tu rêves ou quoi ? Tchop et XD, déjà en selle, s’amusent de l’attitude hébétée de leur ami, figé, les bras ballants, le visage levé vers l’usine de Rollo.

On s’en va mon vieux ! Allez, t’as du boulot génie ! Ah ! Ah ! Ah !
J’arrive ! J’arrive ! lance Shovel1 en accourant et pour qui l’invite de XD ne fait qu’accroître le malaise.

C’est un bien piètre spectacle que de voir Sister mise à plat. La poussière grise de la cour de Zé, saturée de suies de toutes sortes, qu’un rectangle de lin cauchois de quatre mètres sur trois recouvre partiellement, accueille le puzzle de Sister, beauté réduite à l’état de pièces de métal couchées, de caoutchouc, de fils et de boulons dans un étalage indécent qui met son maître mal à l’aise. Mise à plat comme mise à nue par des mains d’hommes à qui elle n’a rien demandé.
Je ne comprends rien ! Je ne comprends rien ! tempête Shovel1 qui se lève d’un bond et jette avec violence une clé ½ qui prenant la lumière jaune du jour qui baisse, lance en virevoltant dans l’air des flash blancs jaunes et orange du plus bel effet… Si ce n’était un bel outil républicain qui vaut tout de même assez cher, pense Tchop qui tente de calmer son ami passablement énervé en le prenant doucement par les épaules :

- Allons Shov’ ! On va réessayer, on a peut-être oublié quelque chose… Barbarella et Olie ne seront pas là avant plusieurs heures… On a encore du temps… tu vas pas te décourager… tu en as vu d’autres… Hein ?
- Ecoute, Tchop, j’ai tout passé en revue… la culasse en alliage anti-broutage est parfaite… les écarteurs à serrage automatique sont en place… les gaines à vibreur autolubrifiant aussi… la pédale de graissage à froid est resserrée… les patins de polissage… nickel… les chemises de protection à trou borgne sont repassées et les culbuteurs à burette incorporée sont rechargés… Alors !! ALORS ! J’y comprends rien j’te dis !!! … Je vais me foutre à l’injection moi, ça va pas traîner !... Excuse-moi, je dis n’importe quoi ! Il faut que je me reprenne… Je… Je ne sais plus ! Ça fait chier… Merde !

Tchop et XD ont rarement vu Shovel1 en colère. La dernière fois, il s’en était pris à des chevaliers de l’Empire qui avaient affamé le peuple d’une planète éloignée du centre galactique en créant un blocus filtrant pour ensuite leur venir en aide et ainsi redorer leur blason méchamment écorné par les modes d’exploitation en vigueur dans ces exotiques et lointaines, surtout lointaines, parties de l’Univers connu.
Son intervention haute en couleurs auprès du Parlement avait provoqué l’envoi des régulateurs républicains Patatrike et Picvert, qui n’ont pas traîné à rétablir la vérité… jusqu’à la prochaine fois…
Mais là, Shovel1 a le sentiment, inhabituel pour lui, d’être dans une impasse.

- Excusez-moi mais… Vous avez pensé à la mise à l’air du réservoir ?... Des fois… Ça se peut… nan ?

Nos trois amis restent cois. Un clignement de paupières chez XD, quelques doigts qui s’agitent chez Tchop et un étranglement rapidement accompagné d’une toux inextinguible chez Shovel1 trahissent leur gêne.

- Eh bien, Chauve-souris, tu vas nous en apprendre sans doute ? lui sourit Tchop d’un clin d’œil.
- Hum… Laisse… Elle ne sait pas… hé hé hé ! C’est bien, petite, c’est bien ! renchérit XD.
- Allez, laisse-nous maintenant… On a du travail ! tente Shovel1 qui meurt d’envie de vérifier…

Quelques heures plus tard, le réservoir rendu à sa respiration naturelle et Sister remontée pour la troisième fois, XD fait craquer la belle à la satisfaction discrète de Tchop et de Shovel1 qui adressent un sourire un peu crispé à Chauve-souris. Elle applaudit des deux mains et des deux ailes en sautillant sur place soulevant des petits nuages de suie qui laisseraient croire qu’elle s’envole.



A suivre.

Episode VI

Les cadres des motos se disloquent, la plaine disparaît, couverte d’épaves et de cadavres sanglants ; les moindres replis, les rochers se peuplent de morts, l’armée entière de l’expédition républicaine fuit en désordre. Un gémissement mêlé de sanglots règne sur la morne étendue, jusqu’à l’heure où le cœur de la sombre nuit les fera disparaître…

La vision de la supra fée Eliza a souvent troublé le sommeil de Tchop. Elle s’était confiée à lui car ses images puissantes et terribles, commandées par le Procureur Fifree pour prévenir tout désordre dans l’équilibre précaire entre la République kibérienne et l’Empire, étaient trop lourdes pour elle, jeune fée que Patatrike avait formée à l’art difficile de la médiumnité suprasensible. Elle partait souvent de longues périodes dans des contrées désertiques, pratiquer l’introspection et approcher la sagesse ou, au contraire, se fondait dans des foules bigarrées où la solitude y est plus grande encore. Ces images étaient-elles visionnaires ? Traduisaient-elles une peur ou était-ce la résurgence de conflits passés d’une époque où toutes les idéologies, les religions, s’érigeaient en Vérité incompressible pour le bien du peuple, des masses, des nations, des ethnies pour éteindre la frustration, étancher la soif de pouvoir… ?

Cette envie de marcher sur Rome a tant occupé les hommes…

Lorsque arrivent Barbarella et Olie van Elleboog dans la cour de Zé, elles ne sont pas surprises d’y trouver XD, les bras croisés, à cheval sur Sister. Tchop, en toge civile malgré ces heures de fébrilité générale, et Shovel1, visiblement encore fatigué de ses récents efforts, l’encadrent pour former le trio le plus complémentaire et pour cela le plus redouté par l’Empire.

Barbarella sait qu’il lui faut combattre. Sur un filet de gaz impeccable, elle s’approche lentement de Sister et vient déposer sa roue avant dans l’axe de celle de Sister. Les deux adversaires sont ainsi face à face pour le combat osmotique mental le plus important de la dernière décade.

XD, une nouvelle fois, fait craquer le superbe moteur de Sister, un Knucklehead Grand Cru que Shovel1 couve avec amour depuis il ne sait plus combien d’années pour le faire sonner à la hauteur du talent d’XD. Instantanément, la vibration du moteur ressentie à la roue avant de Sister se transmet à celle de la machine de Barbarella qui pourtant ne cille pas. Olie, dans le dos de Barbarella, maintient celle-ci par la taille, son front se plaquant sur la nuque de Barbarella tandis que ses genoux enserrent ses cuisses… Elles semblent ne plus faire qu’une…

XD et Barbarella, arc-boutés sur leurs guidons, savent que la lutte qu’ils vont se livrer à coups d’arguments télépathiques, ne peut se poursuivre que par l’osmose qu’ils font avec leur machine, outil indispensable, passerelle de leurs intellects et de leurs émotions vers l’autre à convaincre, peut-être à neutraliser. Un problème moteur, une baisse soudaine du ralenti, un échauffement prématuré, et c’est à coup sûr la défaite ! L’osmose rompue, l’adversaire s’engouffre dans la brèche et d’une concentration aiguë taille en pièces la résistance anarchique et désespérée de l’infortuné perdant.

Les premières pensées sont perceptibles par l’entourage car la vitesse de transmission est encore à la portée d’un chevalier non spécialisé. On voit passer pêle-mêle des visages d’hommes et de femmes qui ont marqué l’histoire pour leur contribution aux civilisations passées dans les domaines les plus divers comme les sciences, l’urbanisme, les arts, la philosophie, les techniques… Des concepts, notions et raisonnements circulent, s’échangent et se percutent, tournoient et s’enveloppent dans une virevoltante dialectique que des années d’entraînement acharné ont permis d’acquérir et de parfaire en vue de joutes comme celle qui accapare en ce moment même nos deux belligérants.

Soudain, le moteur de Sister hoquette et XD, sans quitter Barbarella des yeux, tourne sa poignée de gaz des quelques millimètres suffisants pour relancer le Knucklehead en un dixième de seconde, une éternité pour Tchop et Shovel1 qu’un frisson glacé a pétrifié.
Les images, comme subliminales, sont maintenant illisibles, le rythme s’est accéléré de manière vertigineuse, les moteurs ont monté leur régime de plusieurs crans et l’intro mezzo voce s’est mu en allegro sur lequel les fronts se plissent, où la sueur apparaît, signe de faiblesse, chez Barbarella dont la machine ronronne pourtant d’une fréquence parfaite. Les vibrations du Knuckle la déstabilisent peut-être. C’est alors, sous le regard incrédule de Tchop et Shovel1, que Olie van Elleboog se fond en Barbarella comme un spectre descend dans un corps ; le regard de Barbarella devient dur, ses yeux plus bleus que jamais, d’un bleu presque outremer, dont la beauté ne saurait faire oublier l’inquiétante et obsédante fixité que soutient toujours XD à la concentration terrifiante !

Les moteurs sont maintenant à plein régime, une tornade ne ferait pas davantage de bruit que ces deux machines hurlantes. Sont-ce les machines ou les cerveaux exceptionnels des adversaires qui troublent ainsi l’air d’une opacité suintante et lourde ?

Le jour tombe et d’autres motos arrivent qu’on distingue à peine, attirées (appelées ?) par la scène symbolique qui se joue ici : on reconnaît pourtant Kiscool sur son attelage ; Picvert, l’anarchiste régulateur et Dasnif qui se rapprochent de Tchop ; Koyot et hder06 aux machines puissantes et rutilantes ; Fredo est là aussi, une guitare en bandoulière comme un troubadour de l’amour courtois ; et Patatrike venue tout droit de la Matrice galactique où elle a assisté la naissance d’un nouveau chevalier.

Mais lorsque Barbarella s’effondre, Slipencoton ne rit plus depuis longtemps et Biker 07 laisse tomber sa bière qui, sur la poussière de la cour de Zé, dans un silence assourdissant, fait un bruit mat.



A suivre.

quel bonheur de retrouver cette histoire !!
merci maitre

Quelle histoire de retrouver ce bonheur

Episode VII


XD, hagard, descend de Sister, aidé par Tchop tandis que Shovel1 béquille Sister avec la délicatesse d’une lionne prenant son petit dans la gueule. Le knucklehead cliquette de refroidissement bienvenu.

- Je n’ai jamais été si loin… je commençais… à souffrir… de confusion… m’en suis sorti… sais pas comment…

Haletant, les stigmates de l’épuisement creusant son visage épouvanté, XD s’accroche à Tchop qui peut lire dans ses yeux la peur et l’incompréhension.

- Tchop ! Elle gagnait, … Elle avait gagné … !

Picvert, Beuz et Atchoum s’approchent de Shovel1 qui, circonspect, fait le tour de la jolie Deuce Twin Cam à injection :

- Qu’est-ce que t’en penses ?
- C’est la moto tu crois ?
- La fille n’avait pas l’air spécialement fatiguée…

Shovel1, accroupi, reste un temps à fixer le moteur de la Deuce puis se retourne et lève la tête vers ses visiteurs :

- Ce moteur n’a rien ! rien, vous m’entendez ? Il est comme neuf ! … et puis ce n’est pas une « fille » ajoute-t-il à voix basse, comme pour lui-même.

En se redressant, il conclut : panne électrique messieurs ! Oui, électrique ! Et de leur montrer le pourquoi du comment sur le circuit et son altération au niveau du boîtier central. Les trois compères, d’un air entendu, acquiescent ostensiblement, autant pour ne pas contrarier Shovel1 que pour ne pas avouer qu’ils n’ont pas tout compris…

On encercle la députée Barbarella. La victoire semblant acquise, la joie n’est pourtant pas triomphante et beaucoup de respect circule autour d’elle. Elle s’est battue, seule, sur terrain adverse, dans un climat hostile, affrontant peut-être le meilleur qu’elle a -presque- vaincu.

- Elle semble plus grande couchée que debout ! paraphrase Zé alors que Patatrike se penche sur elle.

Une mélancolique complainte sort de la bouche de Barbarella, à peine perceptible :

Pour l’enfant amoureux de cartes et d’estampes
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !


Un silence, puis…




Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
…

Le visage contre le sol, les yeux mi-clos, la chevelure souillée d’une poussière grise maculant ses joues d’albâtre, elle murmure ses vers qu’elle apprît, il y a longtemps, si longtemps… lorsqu’elle aimait encore lire, que le temps s’étendait, nonchalant d’elle, jusqu’aux soirs tranquilles de sa jeunesse avide et innocente.

- Elle délire… murmure Calou d’un air compatissant.
- Mais non, c’est de la po-é-sie ! proteste Solénoïde en jetant à Calou un regard exaspéré.
- Allons ! Messieurs… s’il vous plaît ! … un peu de tenue, je vous prie ! interrompt Kisscool invitant à davantage de tenue en la circonstance.

Alors qu’elle se sent glisser doucement vers l’éternité, elle entend une voix d’abord lointaine, puis qui se rapproche et s’amplifie jusqu’à la tirer de la froide torpeur qui l’emmenait déjà :

- Barbarella ! BARBARELLA !

Patatrike la convoque au retour chez les vivants et, la prenant par les épaules, la soulève légèrement pour la prendre dans ses bras. L’altière combattante à céder le pas à l’animal blessé. Barbarella, livide, comme abandonnée et sans force jette à Patatrike le regard terne de quelqu’un qui tarde à choisir entre l’oubli de soi et la condamnation à vivre :

- Je… je suis… Olie… je suis Olie…



A suivre…
Fin au prochain épisode.

- Je… je suis… Olie… je suis Olie…


Episode VIII

- Hé ! Hé ! Bien sûr que tu es au lit ! Ecoute, tout le monde est debout, prêt à partir et toi tu es encore couchée ! Dépêche-toi ! Il y a du café chaud et des croissants que Chauve-souris est allée chercher… Allez debout ma grande !

Patatrike sortie, Barbarella se redresse et se frotte les yeux. Elle jette un regard à la chambre, aux deux autres lits impeccables d’Eliza et de Chauve-souris. Elle entend, à travers les murs épais du gîte, les rires et les voix étouffées des copains qui s’affairent avant de reprendre la route.
Une douche plus tard, elle rejoint toute la bande dans le grand séjour. La lumière éclatante de cette belle journée de mai qui commence saute de la fenêtre aux yeux encore ensommeillés de Barbarella comme le flash espiègle d’un paparazzi saluant l’entrée d’une étoile.

- Tiens… Voilà notre députée impériale, s’esclaffe Biker07 dont le sourire barbichonné est surligné d’une moustache chocolatée déposée là par la tasse qu’il tient encore, à l’anglaise, le petit doigt relevé d’une main pleine de doigts bagués de têtes de mort dont il fait la collec’, comme il dit. Biker07 adore le chocolat chaud. Le matin. Le matin seulement. Pas après. Après, non.
- Ca va ? T’as récupéré ? interroge un Beuz hilare, à l’éclatante blondeur qui épate Chauve-souris, habillée de noir de la tête aux pieds.

Barbarella saisit et vide la cafetière restée sur la grande table en chêne clair que Slipencoton a desservie, ne laissant qu’une tasse à petit déjeuner et deux croissants à son intention. Toujours délicat le Slipounet, pense-t-elle furtivement. A droite, sur une petite table carrée, le long du mur, Solénoïde et Calou terminent une partie d’échec acharnée commencée hier soir.

- Z’ont pas encore fini ces deux-là ?... Pourquoi tu m’appelles… députée… je sais plus quoi ? L’interpellation de Biker07 a troublé Barbarella comme l’écho de ce maudit rêve qui la hante encore.

A ces mots, toute la troupe éclate de rire, un rire spontané, énorme et complice, à l’image de l’amitié sans chichis qui unit cette compagnie hétéroclite de partisans. Les vannes pleuvent et ponctuent les rires qui repartent en salves successives.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Hein ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi vous riez comme ça ? demande Fab qui entre dans la pièce en reboutonnant son pantalon pendant que la chasse d’eau n’en finit pas de se remplir, puisqu’elle fuit, et qu’il faut la tirer tout doucement comme a dit Shovel1, ce que n’a pas observé Fab, forcément, Fab, toujours un peu décalé, qui aimerait bien rire aussi.
- Mais dites-moi enfin ! insiste Barbarella qui hésite entre fou rire et agacement.
- Tu ne te souviens de rien ? Vraiment ? interroge Fredo en posant sa guitare Les Paul noire sur le velours rouge de l’étui épousant parfaitement ses formes délicates. « Tu es une femme que diable ! Ressaisis-toi ! » ajoute-t-il en rentrant le menton et prenant une voix de ténor mal assurée.

Alors que Barbarella termine son deuxième croissant dont les miettes dessinent comme des écailles sur ses lèvres caféinées d’ocre brun, tout le monde raconte en paroles qui se bousculent, se chevauchant, se répondant en deux ou trois bandes, la soirée d’hier…


Barbarella, un brin éméchée, avait pris à partie Tchop, Shovel1 et XD qui vantaient, haut et fort, fonte et carburateurs et vilipendaient tout ce qui marche à puce et injection. Les premiers seraient les garants d’une liberté de manœuvre de motard authentique, les seconds tout juste bon à satisfaire le bourgeois en mal d’image. Pour finir, tombant dans la métaphore grandiloquente, le Bourbon aidant, ils se voyaient, tels les « jedis » de la Guerre des Etoiles, en défenseurs de la République démocratique, face aux assauts menaçants de l’Empire totalitaire. Le sucre de canne contre l’aspartam, le vrai sapin de Noël qui sent contre le succédané en plastique, Arthur Rubinstein contre Richard Claydermann, Janis Joplin contre Madonna, mains calleuses d’ouvrier contre doigts manucurés…

Picvert et Pneros trouvaient ça un peu exagéré, mais bon… quand on est entre soi, tout est permis, on est les meilleurs, c’est bien connu… On les aura !...

- ouais ben j’vous signale que c’est quand même comme ça que Godefroy de Bouillon s’est retrouvé devant Jérusalem en 1099 ! avait tempéré Zérozen.

Elle les avait traités de vieux schnocks passéistes, d’indécrottables arriérés dont le compteur était bloqué sur 1960… et encore… L’échange, qui relevait plus franchement d’un dialogue de comptoir que d’une conversation de magazine littéraire, avait duré toute la soirée. Barbarella, qui veut toujours avoir raison, c’est le défaut de sa qualité, était partie se coucher en vociférant que ce n’était pas parce qu’on avait une moto « d’aujourd’hui » qu’on était ignare ou feignant, qu’elle s’y connaissait aussi bien qu’eux et qu’elle ne manquait pas d’huile de coude qu’elle nommait olie van elleboog, qui trahissait ses origines flamandes.
La porte de la chambre avait claqué une première fois… Comme elle s’était trompé et s’était retrouvée dans la chambre des p’tits loups à Kisscool, on l’a vue ressortir maugréant après ces portes qui se ressembleraient toutes pour prendre celle d’à côté, la bonne, qui a claqué à son tour une fois, ce qui fait deux…

- Ah bon… ponctue simplement en quittant la table une Barbarella songeuse, pendant qu’Alfys passe un dernier coup d’éponge effaçant la dernière auréole laissée par la dernière tasse. Puis, se reprenant elle ajoute :
C’était vrai alors ? Enfin non, j’veux dire… j’ai fait un rêve cette nuit… un rêve hyper fort… j’y étais vraiment quoi ! C’est drôle parce que je ne me rappelle de rien d’hier… mais vraiment de rien…
- Bon hé ! c’est bien gentil mais si on veut être à Millau avant la tombée du jour pour la photo, faut y aller maintenant ! coupe Atchoum en descendant l’escalier menant à la cour où les motos sont garées et dont l’autorité sur le groupe est inversement proportionnée à sa taille.
- Rollo ! t’as fini ? Grouille mon vieux ! On s’arrache !
- Ouaaaais ! C’est bon… je crois que ça va tenir ! répond Rollo en tirant sur le dernier des douze sandow sensés faire tenir sur son Knuckle de 1946 le carénage façon Goldwing qu’il a moulé lui-même… Eliza ! monte sur la bécane s’te plaît ! Ca va la stabiliser pendant que…hmmpff… je tire sur ce putain de….hmmpff…
- Ca y est ? je peux descendre ? s’impatiente Eliza, les mains en appui sur le réservoir mauve à flaming orange, perchée sur le bitza de Rollo comme la Fée Clochette sur un Pokémon.

Deux heures plus tard, la Cour de Zé avait retrouvé le calme et le silence qu’une brise de suroît agrémentait de temps à autre d’un bruissement dans les hauts feuillus qui tapissent l’azur, encerclant la magnifique demeure médiévale.

Les motards sont loin maintenant mais la route est encore longue avant Millau où les attendent des bikers toulousains et un certain Mitchum pour une mémorable photo.


Jhirigoyen et Badgame roulent de concert :

- D’où ça vient ce nom de « Cour de Zé » ? Tu le sais toi ? hurle Jhirigoyen pour se faire entendre par-dessus la musique un peu envahissante de leurs bouilleurs à 2500 tours.
- J’crois qu’ça date du Moyen-âge ! Il y a eu des combats sérieux par ici entre les troupes de Montfort et les cathares ! On dit que dans cette cour, les deux camps se sont affrontés avec leurs champions respectifs ! Un peu comme dans la Guerre de Troie, tu vois ?
- Hein ? comme dans quoi ? J’entends rien !
- Pas grave… PAS GRAVE ! C’EST UNE LEGENNNNDE !
- QUOI ?
- RIEN ! PLUS TARD !

Plus tard, plus loin… les attend un pont, une passerelle de solide au-dessus des fluides, du possible jeté sur l’impossible, une prouesse qui réconcilie l’humanité avec l’homme quand il démontre son génie créatif.
Les attendent des copains dont ils n’ont pour la plupart jamais croisé les regards, les sourires, les fronts soucieux ; dont ils n’appréhendent ni la gestuelle ni la démarche. Mais qu’ils connaissent pourtant par leurs mots voyageurs, filins lancés par delà les prairies, les montagnes, les villes et les fleuves pour se lier les uns aux autres d’une cordée qui, pour être virtuelle, n’en est pas moins vraie pour chacun, chacune…
Les attendent un jour nouveau, une nouvelle histoire faite d’instants présents mis bout à bout pour sculpter des vies d’hommes et de femmes qui font un bras d’honneur au temps qui passe et renaissent chaque jour à eux-mêmes.

- Regarde papa ! Là-bas ! des motards ! ouahhh, y en a vachement hé ! On dirait qu’ils ont tous le même blouson, t’as vu ?
- … oui oui… je vois mon Tiennou…
- j’arrive pas… à lire ce qui est écrit sur le dos de leurs blousons… Rattrape-les pour voir !
- … c’est inutile … je peux te le dire moi… c’est écrit en orange :

« Ça ountche »

- bah !… comment tu l’sais ? Y sont trop loin !?!

Papa répondit par un sourire, les yeux fixés sur la route et les petits points noirs d’un essaim de bikers.
Sur la lunette arrière de la voiture, on pouvait deviner un bouquin, un petit livre dont le titre était : « Songe d’une nuit d’été »…


Fin





EPILOGUE


Barbarella et Eliza, la Reine blanche sur son cheval noir, la Reine noire sur son cheval blanc.

Barbarella est apaisée, l’air doux qui caresse son visage, le plaisir de rouler, dissipent les derniers nuages d’un rêve enfoui.
Jusqu’à ce qu’Eliza monte à sa hauteur, tourne la tête vers elle et lui adresse un sourire… Rien qu’un sourire… qui insiste et qui résonne étrangement dans le cerveau en soudaine ébullition de Barbarella :

- Vous auriez dû gagner sans cette panne…

Barbarella sent un frisson glacial lui courir le long de la colonne vertébrale ! La montée d’adrénaline redouble lorsqu’elle remarque deux soleils orange qui se couchent sur l’horizon et dessinent malicieusement des flammes rousses sur les machines et leurs pilotes, tandis que les mains d’Olie se referment sur son ventre, comme un étau.

Devant, gardiens vigilants, Tchop, XD et Shovel1 ouvrent la route.

merci

l'une des héroines :



Pu.... qu'elle était belle

T'aurais bien fait de la conserver sister......!

Pinaise, mon "choix de la rédaction" 2003 : ça me rajeunit pas tout ça.
Sister reste pour moi LE chop définitif...

gégé a écrit:

T'aurais bien fait de la conserver sister......!

Remue pas la plaie autour du couteau GG

@GG : c'est ce que j'ai dit au petit ... en lui faisant remarquer qui si j'en était arrivé là ... c'était la faute à ......

AL.x : ?????????


qu'est ce tu fous chez les cousins ??

aut' ?? : nin8 c'est O'nym ???

Merci Maitre.
J'ai tout lu à l'époque.
Je voulais que mon fils en fasse une BD, J'attends ton feu vert.
PS que devient Shovel?

XD a écrit:

AL.x : ?????????
qu'est ce tu fous chez les cousins ??

Bah oui, c'est bien moi.
"Miss Pétard" et moi sommes partis voir si l'herbe était plus verte quand elle est arrosée au sirop d'érable. Au bout de 6 mois, le bilan est mitigé... et on s'est pas encore morflé l'hiver!

Tombebiker, le texte n'est pas déposé, ton fils peut foncer !

S'il veut des éclaircissements, tu peux me contacter.
Shovel1 va bien, très bien même...

Al.X a écrit:

XD a écrit:

AL.x : ?????????
qu'est ce tu fous chez les cousins ??

Bah oui, c'est bien moi.
"Miss Pétard" et moi sommes partis voir si l'herbe était plus verte quand elle est arrosée au sirop d'érable. Au bout de 6 mois, le bilan est mitigé... et on s'est pas encore morflé l'hiver!

MP

Putain...! enfin une vrai histoire de bikers...!

Merci !